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  • Birds of Prey par Eva Lebrun

    3732824.jpgBirds of Prey et la fabuleuse histoire d’Harley Quinn raconte les péripéties de la femme la plus dangereuse de Gotham. Quand les femmes ont la chance d’être présentes dans les films de super-héros, elles sont souvent dénudées à outrance et n’ont pas de personnalité. Elles sont là pour le plaisir des yeux et non pas pour une réelle valeur ajoutée en termes de pouvoir ou de personnalité. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans un autre film dans lequel Harley est présente : Suicide Squad. Dans ce film toutes ses tenues la sexualisent et elle semble exister dans l’unique but de parler du Joker et de le mettre en valeur. Il doit d’ailleurs la secourir comme si elle était une demoiselle en détresse. Mais dans ce film, la réalisatrice Cathy Yan décide de faire les choses autrement en nous plongeant dans les pensées d’Harley Quinn qui nous raconte ses aventures comme seule elle peut le faire. 

    Ayant fraichement rompu avec son petit ami, l’infâme Joker, Harley doit trouver sa place dans la ville de malfrats. Pendant des années elle a accumulé les dangereux ennemis qui n’étaient pas assez bêtes pour s’en prendre à la copine du plus fou des criminels, mais maintenant que les deux ne sont plus en couple, l’immunité prend fin. Harley doit se défendre seule et trouver le bonheur dans le célibat. Dans sa quête de sécurité elle rencontre quatre femmes aux antécédents bien différents : une pickpocket, une policière, une justicière et une chanteuse. Un mélange explosif il faut le dire, mais il parait que les ennemies de mes ennemis sont mes amies alors les cinq jeunes femmesdécident de faire équipe. Elles sont toutes après Roman Sionis, un antagoniste cruel.

    Ce film nous présente donc enfin une super-héroïne avec du caractère et qui n’est pas appréciée pour son corps mais pour son ingéniosité et sa folie. C’est une version d’Harley Quinn réaliste qui incarne à la perfection l’émancipation.Gotham a du souci à se faire.

     

    La réplique clé : 

    « En termes de psychologie, la vengeance apporte rarement la catharsis espérée. »

     

    Le concept clé :

    Male gaze : un concept selon lequel la femme dans la fiction n’est qu’un simple objet qui est là pour trois points de vue : celui de l’homme hétérosexuel devant le film, celui de l’homme hétérosexuel devant le personnage et celui de l’homme hétérosexuel devant la caméra. Autrement dit, un film fait par les hommes pour les hommes. La femme n’a ni personnalité, ni profondeur. Le feminine gaze se pose en opposition à cette norme cinématographique pour remettre la femme au cœur du narratif. Des exemples courants peuvent encore être vus aujourd’hui : une héroïne portant des talons en combat, étant filmée principalement autour des fesses et des seins ou encore n’étant jamais le personnage principal.

     

    Le chiffre clé : 

    90% des films du box-office sont réalisés par des hommes.

     

    Eva Lebrun

     

  • Genre(s)

    1630337209.jpgGENRE(S)

    Sous la direction de Claude Mesmin & Sonia Bressler

     
    Diplômées est une revue de l'Association Française des Femmes Diplômées des Universités. Revue scientifique à comité de rédaction, elle a pour vocation de promouvoir la recherche et la visibilité des femmes chercheuses en Europe. D'inspiration généraliste et interdisciplinaire, libre à l'égard de toute école de pensée et des modes intellectuelles, sa périodicité est de quatre numéros par an. Elle accueille ainsi des textes théoriques et de recherches.

    Pourquoi le thème du "genre" pour ce numéro ? L'association, en 2020, a eu cent ans et deux numéros ont permis d'aborder l'histoire des femmes avec les Pionnières (n°270-271) puis avec le numéro 100 ans de luttes pour l'égalité (n°272-273). Mais au fur et à mesure de la constitution de ces numéros ainsi que du suivant sur les Passions (n°274-275), nous nous sommes retrouvé.e.s face à un océan de nouveaux questionnements autour du « genre » et de ses intersections pluridisciplinaires.

    Raisons pour lesquelles, nous faisons aujourd'hui un numéro autour du "genre". Comme champ de recherche, on évoque les "études de genre" (traduction littérale de l'anglais gender studies. Ces études se définissent de façon très large comme "l'ensemble des recherches qui prennent pour objet les femmes et les hommes, le féminin et le masculin ».

    Mais que faut-il entendre par cet ensemble de recherches ?  Sommes-nous en quête de la compréhension de comment le "genre" se forme, se caractérise puis s'encre définitivement dans la structure psychique individuelle et/ou collective ?

    Le genre nous permet-il d'étudier la façon dont "nos" sociétés pensent, organisent, arrangent, hiérarchise la différenciation des sexes ? Est-ce aussi questionner les normalisations des comportements sexuels ?

     

    Ont participé à ce numéro : Nicole Mosconi, Marie Buscatto, Yanick Ripa, Sonia Bressler, Véronique Perry, Annie Crépin, Claire Viennet, Corinne M. Belliard, Nicole Fouché & Évelyne Nakache, Anne-Sophie Coppin & Émilie Gapaillard, Maude Delebarre, Evelyn Campos Acosta, M. Belliard, Evelyn Campos Acosta, Chantal Morley et Carmen Gordon-Nogales, Mérabha Benchikh, Natacha Quiniou, Isis Castaneda et Daniela Jacob, Claude Mesmin, Isabelle Béné, Alex.ia Tamécylia

     

    • Genre : Essais
    • ISBN : 9791097042783
    • Nombre de pages : 340
    • Format : 15,5 x 22 cm
    • Langue : Français 

     

     

  • Jennifer’s Body

    Ce film raconte la descente aux enfers de deux lycéennes : Needy et Jennifer. C’est le mélange d’une histoire d’horreur assez courante (la transformation en monstre) et d’une comédie romantique plutôt rare pour des jeunes (lesbiennes). Le ridicule et l’ambiguïté ne font visiblement pas peur à la réalisatrice qui veut chambouler les codes et surprendre tout le monde. 

    Deux jeunes filles, meilleures amies depuis l’enfance, l’adolescence va bouleverser cette relation. Needy commence à douter que ses sentiments envers Jennifer soient purement platoniques. Jennifer, quant à elle, passe de conquête en conquête (toujours masculines). Elle est perçue comme « la fille facile » du village. Un groupe de rock est de passage. Elle décide d’aller les écouter et de draguer le chanteur, Needy l’accompagne. Un terrible incendie se déclenche emprisonnant de nombreux habitants qui décèdent. Tout le monde est plongé dans un deuil profond. Après cette soirée traumatisante Jennifer commence à se comporter très bizarrement. Son apparence physique se transforme d’un jour à l’autre. Elle devient de plus en plus méchante. Needy pense immédiatement que ça a quelque chose à voir avec le chanteur qui l’a emmenée dans son van après l’incendie. Cependant Jennifer fait comme si de rien n’était. Quand les meurtres se multiplient et que l’état de sa meilleure amie ne s’arrange pas, elle commence à avoir des soupçons. 

     

    Ce film a connu un vrai raté auprès du box-office et des critiques à l’époque de sa sortie. Cet échec peut être attribué à l’équipe de marketing qui a réalisé une bande annonce du film ne représentant pas du tout l’histoire réelle. Au lieu d’être attrayant pour les jeunes filles, ils ont voulu faire croire aux jeunes garçons que ce film était pour eux en leur montrant des filles s’embrassant. Heureusement l’œuvre connait aujourd’hui un arc de rédemption aux yeux du jeune public LGBTQ+ qui se reconnait parfaitement dans l’histoire des meilleures amies commençant à douter de leurs sentiments.

     

    Film de Karyn Kusama

    2009, 1h45, Fantastique, Comédie, Epouvante-horreur

    Avec Megan Fox, Amanda Seyfried, Johnny Simmons

     

    La réplique clé : 

    « - Tu tues des gens.

    - Non. Je tue des garçons. »

     

    Le concept clé, le "Slut-shaming" : ce concept a été inventé par les féministes américaines et canadiennes (voir les explications sur le blog Finaly, a fenimism) Cela désigne le comportement que certains ont face aux femmes qui ont une sexualité libérée et assumée. Ça signifie littéralement « humiliation des salopes ». Cela consiste à réprimander, stigmatiser et rejeter les femmes qui montrent leurs corps, qui ont des rapports sexuels et qui ne s’en excusent pas. Cette attitude sous-entend que le sexe est dégradant pour une femme. L’expression « je l’ai baisée » est un symptôme répandu de cette attitude. Elle sous-entend que l’homme fait quelque chose à la femme, qui elle, subit l’action. Elle est passive et reçoit le sexe sans forcément avoir de désir.

     

    Eva Lebrun

     

  • Apparition de la combinaison intégrale aux championnats d'Europe de gymnastique

    image-2.jpgDu 21 au 25 avril 2021 se déroulaient les championnats d’Europe de Gymnastique à Bâle, en Suisse. Lors de ces championnats, la gymnaste allemande, Sarah Voss, surprend le monde de la gymnastique en concourant avec une combinaison intégrale recouvrant la totalité de son corps (voir son compte Instagram). 

     

    Ce geste est loin d'être anodin. À lui seul, c'est une révolution. Pas simplement un changement de style vestimentaire, mais aussi et surtout l'ambition de montrer qu'une alternative vestimentaire est possible pour les gymnastes femmes. Comme elle le souligne sur son compte Instagram : "Je suis extrêmement fière d'avoir été la première à présenter ce projet qui tient à cœur à notre équipe ! Se sentir bien et avez toujours l'air élégante, pourquoi pas ? Ça vous plaît ?".

     

    Combinaison intégrale face au justaucorps 

    La tenue dite officielle en compétition de gymnastique est le "justaucorps". 

    Cependant cela n'a pas été toujours le cas. Le justaucorps, ou léotard (voir l'article de Wikipédia sur ce sujet) est utilisé en gymnastique artistique féminine depuis les années 1950. Au xixe siècle, les gymnastes portaient des jupes longues, remplacées par des jupes-culottes à la fin du siècle, et ce jusqu'au début du xxe siècle. Dans les années 1920, les gymnastes portent des jupettes, jusqu'à l'arrivée des shorts, dans les années 1930. En 1993, les justaucorps longs entiers sont autorisés, la première à en porter un lors d'une compétition mondiale est Ekaterina Serebrianskaya.

     

    Quel problème pose cette tenue ? 

    Proche du corps, souvent très échancré et parfois avec un important décolleté, le justaucorps est une tenue extravagante qui épouse le corps des gymnastes. Aujourd’hui elles sont de plus en plus nombreuses (amateures ou professionnelles) à ne plus se sentir à l’aise dans cette tenue. 

    Certains coachs expliquent qu’elle aurait tout de même des avantages comme faciliter la parade lors des entraînements ou encore mettre en valeur les lignes du corps des athlètes dans ce sport qui comporte aussi une dimension artistique.

     

    Alors pourquoi ce geste ? 

    Dans une interview auprès de la radio ZDF, la gymnaste allemande s’exprime :  “ Les autres nous regardaient avec mes coéquipières portant cette combinaison, à la fois étonnés et admiratifs, avec les pouces en l’air. Maintenant, j’espère que cela va inspirer celles qui ne se sentent pas à l’aise avec la tenue traditionnelle, qu’elles sachent que c’est possible, et surtout que c’est élégant”  (source France Info)

    Elle continue en disant :  “Nous, les femmes, nous voulons simplement nous sentir bien dans notre peau. Or, en gymnastique, plus vous grandissez et quittez votre corps d’enfant, plus cela devient difficile. Quand j’étais petite, je n’avais aucun problème avec le justaucorps et sa coupe échancrée. Mais à la puberté, là j’ai senti un inconfort, un malaise croissant.” 

     

    Lutter contre l’hyper-sexualisation des gymnastes et montrer aux jeunes filles qu’il est possible de pratiquer leur sport tout en se sentant à l’aise dans leur tenue a donc été l’objectif principal de Sarah Voss qui a été suivie par deux coéquipières allemandes lors de la compétition.  Ce geste est d’autant plus symbolique à l’heure actuelle où de nombreux abus sexuels sont dénoncés par des gymnastes. On pense notamment à Larry Nassar, préparateur physique de l’équipe nationale états-unienne qui aurait abusé de sa position auprès d’une centaine de gymnastes. 

     

    Les concepts clefs :

    • Sexualisation : « l’action qui consiste à donner un caractère sexuel à un produit ou à un comportement qui n’en possède pas en soi » (Bouchard et Bouchard, 2004, p.2). 
    • Hypersexualisation : En lien avec la sexualisation, on évoque ici le phénomène de “surenchère sexuelle”. On fait donc référence à l’omniprésence de la sexualité sur un produit dans les publicités, le sport, la mode, le cinéma, les chansons etc…

     

    Clara THOTHE